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vendredi 11 juin 2021

GUIVRY - EPHEMERIDE - 11 JUIN

Cela s'est passé à Guivry le 11 Juin 1917


Journal d’Edouard Coeurdevey :

« Hier on a fait rayer la double destination sur les titres de permission de quelques pauvres diables. Aujourd’hui, le Commandant signe la permission du Capitaine Girard portant une triple destination. Nous sommes en république égalitaire.

C’est aussi, peut-être, parce que nous sommes en république qu’on tolère les privilèges des filles publiques : ainsi, on rencontre, on peut rencontrer dans ce petit village, chaque soir, quelques gourgandines qui se promènent bras dessus, bras dessous avec des soldats. Chacune est entourée ou suivie d’une troupe d’assoiffés ainsi que va la chienne en rut sous l’escorte des chiens.

Et les indigènes racontent que ces choses publiques se passaient avec le même sans-gêne, la même effronterie pendant l’occupation allemande. Elles firent la joie des envahisseurs avec le même cynisme qu’elles font celle de certains de leurs compatriotes. C’est une monnaie internationale. Il n’est pas une voix autorisée, pas une autorité qualifiée pour flétrir, ou punir ce scandale. Au contraire, les premiers secours, les premières distributions, et dans chaque distribution de vivres ou d’effets, les meilleurs lots sont pour celles qui ouvrirent leurs bras au boches !

Bon Dieu ! Quand je rentrerai, je crierai cette infamie. Que personne n’ait la pudeur de mettre ces femelles au bagne, c’est une trahison, une complicité. Car le bagne ou l’expulsion de la cité est la seule mesure logique à prendre envers ces catégories de civils dont le sens moral, le sens social est oblitéré jusque là.

Ce ne serait pas seulement une mesure de probité morale, mais une mesure de propreté et d’hygiène. Plusieurs, pour ne pas dire la plupart sont des femmes contaminées qui propagent la maladie, qui prodiguent la pourriture. Chaque jour, presque, c’est l’un ou l’autre des coparticipants qui est évacué pour maladie vénérienne. La lâcheté humaine est si grande que quelques-uns recherchent ce genre d’évacuation…J’en connais, et non des moindres…

Ce sera une des hontes de notre régime et de notre commandement de n’avoir pas pris durant trois années de guerre une seule mesure sincère et énergique pour préserver la race, l’immense majorité des jeunes gens, des pères de familles, de l’empoisonnement par les femmes de mauvaise vie.

Celles-ci ont pu, partout, exercer leur ignoble occupation, sous l’œil indulgent du commandement, de la prévôté, des médecins chefs de service, tant qu’elles n’étaient pas pourries jusqu’à l’écœurement de leurs clients…

Pour la satisfaction d’une minorité d’hommes moralement dégradés – ce sont toujours les mêmes qui fréquentent les femmes – on laisse à chacun la liberté et l’occasion de se dépraver et de s’empoisonner le sang.

On place sur les ponts des garde-fous, on vous met en garde dans chaque compartiment de wagon contre le danger de se pencher en dehors de la portière, au carrefour des voies on vous affiche un « attention au train », sur chaque poteau supportant un câble inaccessible on vous crie « Danger de mort, ne touchez pas aux fils tombés à terre », et personne, mais personne qui vous avertisse : « Ne touchez pas aux filles tombées dans la boue ».

Pourtant l’occasion et les risques sont autrement plus grands que ceux qui provoquent la sollicitude officielle. Votre vigilance ou votre prudence peuvent être beaucoup plus facilement surprises que la rupture hypothétique d’un fil électrique, on n’a pas pris la précaution d’écarter les tentations dangereuses à ces malheureux si faciles à succomber quand ils descendent de l’enfer ou vont y rentrer…

Cette négligence a été un crime contre la morale, contre la Patrie, contre les générations à venir, un péché mortel envers Dieu pour les croyants.

De E. Rod. : »Ne cherchez pas le bonheur ; la vie étant ce qu’elle est, vous ne pourriez ni le donner, ni le recevoir ».

Nous arrivons à cet âge ou l’affection se fait plus tendre, plus profonde, plus intime – où elle nous est d’autant plus nécessaire qu’on est entouré de plus de ruines – où l’on souffre plus mortellement de cette affreuse solitude d’âme que le contact de tous les humains à la fois ne suffirait pas à combattre, et qui se dissipe dès qu’on est deux !...

L’amour et l’amitié sont les seuls boucliers que nous puissions opposer aux forces ennemies du destin. Et ce n’est pas la jeunesse qui l’âge de l’amour ; elle n’est que celui du plaisir. On n’aime vraiment que quand on a fait le tour de la vie et qu’on sait ce qu’on donne at ce qu’on reçoit.

« In Veritae virtus ».

« J’ai plus besoin d’amour que de vérité ».

L’amour dans la vérité, la vérité dans l’amour. N’oublie jamais que la patrie et la foi sont inséparables.

C’est par la religion qu’un peuple même asservi, reste lui-même.

« L’idée que nous nous faisons de nos devoirs nous aide à les remplir ou à nous en dégager, celle que nous avons de nos droits est presque toujours excessive (cf. devoirs conjugaux). » 


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