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lundi 4 mai 2020

GUIVRY - EPHEMERIDE - 04 MAI


Cela s'est passé le 04 MAI 1797

Mariage de Pierre Nicolas Martin Briquet, cultivateur, demeurant au Bailly à Chauny et Caroline, fille de Jacques Malo et Marie Marguerite Baudoin de Guivry.
Source (entre-autres): Bulletin de la société académique de Chauny - 1886 




Les péripéties de ce couple vont nous emmener jusqu’à leur divorce en 1798 :


Lisons ce qu'écrivait notre Gada:

« Une alliance bien assortie fait le bonheur de l’homme : tel est le sort que j’ai espéré en épousant Caroline Malo, âgée de treize ans et deux mois ; mais je n’ai que trop éprouvé l’effet d’une vérité bien triste, c’est que toutes les fois qu’une fille de cet âge ne quitte point les yeux de sa mère, elle en prend aisément les habitudes ; un âge aussi tendre est susceptible de toutes les impressions, et pour le peu que l’esprit d’intrigues ait été le caractère de la mère, bientôt il deviendrait celui de l’enfant.
Au fait, mon union avec Caroline Malo date du 15 Floréal an V (04 mai 1797) ; nos conventions furent rédigées ce jour-là, par Demarly, notaire à Chauny ; il y eut stipulation de communauté à régler et à partager, conformément à la coutume de Chauny, à laquelle nous nous soumîmes. 
Il m’était aisé de présager un avenir heureux, lorsque je me vis uni avec une jeune personne, dont je croyais pouvoir former le caractère, et que je voyais sortir d’une mère qui m’avait toujours reçu avec bonté…Tout annonçait le succès de notre union ; pendant un assez long temps, Caroline Malo répondit aux soins et aux travaux auxquels je me livrai ; la mère même paraissait avoir des attentions pour moi ; mais quelle surprise vint me saisir, lorsqu’on m’avertit que ma maison dépérissait, que ma belle-mère ne cessait de porter mes meubles dans sa maison de Guivry, et qu’elle se faisait aider par sa fille, alors sans me déclarer ouvertement d’abord, j’observai l’une et l’autre dans leur conduite, et j’aperçus, en effet, un progrès singulier dans mon ménage ; tandis que j’étais à ma culture, on travaillait à ma perte, la mère et la fille disposaient du linge, elles en échangeaient la marque, elles en emportaient à Guivry, d’abord peu, ensuite beaucoup et par hottées et panerées, puis d’autres meubles, des pièces de toile sur des brouettes, un cheval, un fusil dans de la paille ; de là, l’or et l’argent de la maison ; mon apport de 1500 Francs, mes petites épargnes, fruits de ma grande économie, tout cela disparut ; mes boucles à souliers d’argent que j’avais achetées pour me marier, n’en furent pas exceptées, celles de Jacques Malo, etc, etc, ; la mère et la fille eussent tout envahi, si enfin des voisins ne m’eussent point fait apercevoir de ces désordres. »
Le pauvre Pierre Nicolas Martin Briquet voulut arrêter le cours de ces déprédations, mais sa belle-mère lui répondit en lui enlevant sa fille… 
« Un homme de sentiment, au seul mot de divorce, s’écrie le mari dépossédé, croit qu’il lui est utile de se justifier.
Dans quel état me voyais-je ? Le chagrin me suffoquait, mes ouvrages négligés, mon cœur affaibli par l’égarement d’une épouse jeune que je chérissais ; l’affection si naturelle que j’avais pour elle, l’assurance que je me donnais intérieurement qu’avec les dispositions que je lui connaissais, elle pouvait devenir un bon sujet, une femme digne de mon attachement et de l’estime publique : toutes ces pensées m’occupaient l’esprit, et j’essayai une réconciliation ; elle parut réussir, nous nous remîmes ensemble ; la mère elle-même ramena sa fille, tout allait bien ; mais, quel étonnement pour moi, lorsque j’appris que, loin de rapporter les meubles distraits de la maison, il se commettait au contraire de nouvelles soustractions, et toujours en mon absence ? Cette maudite façon d’enlever recommença donc. Hélas ! Plongé de nouveau dans la tristesse, je conçus l’impossibilité d’une réunion sincère ; la tendresse que la mère et la fille me témoignaient, n’était qu’un voile qui cachait leur perfidie. Je me plaignis de leur rechute ; je les excitai à faire rentrer dans la maison ce qui en était sorti. Quoi ! Disais-je à Caroline, tu veux donc me ruiner ! Te voila remise avec moi, et tu fais emporter ce qu’il y a dans la maison ; tu as donc encore de mauvais desseins !... »
L’affaire fut portée devant le juge de paix Simbozelle qui, après avoir mené l’affaire pendant plusieurs décades, sans avoir voulu donner la moindre solution, la termina par refuser de répondre à la plainte du sieur Pierre Nicolas Martin Briquet.
L’affaire fut présentée devant le tribunal civil de Laon et se termina par cet appel du mari à sa jeune et légitime compagne.
« Et toi, Caroline, toi qui prêtes ton nom et tes actions pour alimenter la haine que ta mère a conçue contre moi, te doutes-tu de ses motifs ?... Non, tu es trop ingénue : à quoi donc t’exposes-tu ?... Si tu restes avec moi, tu seras restituée, comme moi, de ce qu’elle m’a enlevé, la loi est ma garantie ; tu ne seras point déshonorée, parce qu’on verra que tu n’as agi que par son impulsion ; mais si tu poursuis ton divorce, tu te rends complice de ses crimes, alors crains le glaive de la loi ; Il n’y a pas de différence entre une étrangère et une femme qui a envie de le devenir…Trembles donc !...Profites de mon amitié pour toi ; tu es jeune, je te tend les bras avec la tendresse d’un mari qui chérit celle que la loi lui a donnée pour épouse : abandonnes cette manie de détériorer ta maison, reviens, réfléchis, et nous vivrons heureux. »





Ci-dessus, l'acte de mariage de Pierre Nicolas Martin Briquet à Chauny le 27 floréal An cinq.

Pierre Nicolas Martin Briquet est né à Guivry le 04 juillet 1770. Il a été baptisé le même jour par le curé Longuet, desservant la paroisse, le curé Huet, curé de Guivry étant âgé et très malade.
Pierre est le fils de Charles Vincent Briquet, né vers 1723, laboureur, et de Marie Louise Debrie, née vers 1733. Après avoir travaillé avec son père comme valet de ferme, il s'est installé dans le faubourg du Bailly, à Chauny comme cultivateur. Il s'y est marié, et...vous venez de lire la suite.




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