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mardi 9 mars 2021

GUIVRY - EPHEMERIDE - 09 MARS

Cela s'est passé à Guivry le 09 Mars 1879

Journal Le Droit du 10 octobre 1879


« Cour d’assises de l’Aisne (Laon).

Présidence de M. Dequin, conseiller à la cour d’appel d’Amiens.

Audience du 11 août 1879.

Incendie.

Le nommé Eugène François Napoléon Delarue, né le 15 juin 1858 à Beaugies (Oise), domestique audit lieu, était accusé d’incendie volontaire.

Voici les charges relevées contre lui par l’acte d’accusation :

Sur le territoire de la commune de Guivry, vers les confins des départements de l’Aisne et de l’Oise, se trouve l’emplacement d’un ancien moulin, où ont été édifiés des bâtiments qui comprennent, outre l’habitation du sieur Verlon et de sa famille, un hangar, un pressoir, une grange et une écurie.

Le 9 mars 1879, vers minuit, la veuve Poiret qui occupe chez le sieur Verlon, son gendre, une chambre contiguë à l’écurie, fut réveillée par le crépitement d’un incendie. Les bâtiments étaient en feu. Le sieur Verlon, averti en toute hâte, tenta vainement de sauver son cheval et ses bestiaux. Le hangar, le pressoir, la grange et l’écurie furent détruits par les flammes, ainsi que la majeure partie du mobilier qu’ils contenaient. La perte totale, évaluée à près de 7000 francs, fut en partie seulement couverte par l’assurance.

Ce sinistre, qu’aucune cause naturelle ne pouvait expliquer, était évidemment l’œuvre de la malveillance, et les premières investigations vinrent bientôt confirmer cette appréciation.

En recherchant dans les environs de la maison du sieur Verlon les vestiges qu’avait pu laisser l’incendiaire, on découvrit dans la terre labourée des traces de pas récentes, mais antérieures cependant à l’incendie, car des flammèches y étaient déposées.

Ces empreintes étaient profondes, très espacées, et indiquaient que leur auteur avait dû courir. Elles se dirigeaient, presqu’en ligne droite, du hangar consumé au village de Beaugies. La piste, relevée avec soin, put être suivie jusqu’à une fenêtre de la maison habitée par le nommé Eugène François Napoléon Delarue.

Ces constatations ne tardèrent pas à être suivies de preuves décisives. Une paire de chaussures appartenant à l’accusé présentait, avec les traces suspectes, une certaine ressemblance. Une confrontation fut opérée, et dès lors le doute ne fut plus possible. La similitude des empreintes était saisissante : mêmes dimensions, mêmes dispositions des clous, mêmes détails caractéristiques. Un clou manquait, en effet, à la botte gauche, laquelle « tournait fortement en dedans ». Et ces mêmes particularités se retrouvaient exactement sur les empreintes.

Delarue fut un instant confondu. Il dénia, cependant, sa culpabilité. Il prétendit qu’au moment de l’incendie il  était couché, et que, du reste, il lui eût été impossible de se rendre à Guivry et de revenir pendant le court espace de temps qui s’était écoulé entre sa rentrée et le sinistre.

Mais l’information n’eut pas de peine à établir que ce trajet, qui exige moins de vingt minutes, avait pu être facilement accompli par l’accusé. Delarue, en effet, était rentré chez lui, dans la soirée du 9 mars, vers onze heures un quart, et ce qui n'avait été que trois quarts d'heure après *, à minuit environ, que les flammes avaient été aperçues.

L’accusé est un repris de justice dangereux qui déjà, plusieurs fois, a été soupçonné d’être l’auteur de divers incendies et de vols nombreux.

M. Paillard, substitut, a soutenu l’accusation.

Maître Boitelle, du barreau de Laon, a présenté la défense.

Déclaré coupable avec circonstances atténuantes, Delarue a été condamné à dix années de travaux forcés et à vingt ans de surveillance. » 

* Merci à Patrick, lecteur assidu, nous avions oublié cette phrase dans la retranscription de ce texte.







Eugène François Napoléon Delarue a été envoyé au bagne en Nouvelle Calédonie, nous y reviendrons dans un autre article.



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