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dimanche 24 janvier 2021

GUIVRY - EPHEMERIDE - 24 JANVIER

Cela s'est passé à Guivry le 24 Janvier 1928




Journal Le Nouvelliste, janvier 1928

Obsèques de M. Luce Eugène Léopold, "dit" Alphonse, le plus ancien garde-champêtre de France.

Aujourd’hui, ont eu lieu à Guivry, les obsèques de M. Luce Alphonse, garde-champêtre de la commune depuis le mois de mars 1875, c'est-à-dire depuis 53 ans sans interruption. Il était âgé de 83 ans, on peut donc supposer qu’il est le plus vieux et le plus ancien garde-champêtre de France.

Ce fut un fonctionnaire aussi modeste que dévoué. M. Luce était d’autant plus aimé et vénéré qu’il était un vétéran de 1870, ayant appartenu au 84° Régiment d’Infanterie comme caporal tambour. Il avait combattu avec la grande armée de Metz, sous le commandement de Bazaine dont la défaite nous valut la guerre de 1914. M. Luce aimait à raconter certains épisodes des combats et des constants replis autour de Metz.

Il avait été fait prisonnier et avait beaucoup souffert, pendant deux ans, dans le nord de l’Allemagne.

Il était très estimé de toute la population ; aussi ses obsèques ont-elles eu lieu au milieu d’une affluence très nombreuse.

Avant l’absoute, M. l’Abbé Créteur, curé desservant de la paroisse de Guivry prononça un adieu émouvant au vieux soldat.

Au cimetière, M. Achille Lequeux, Maire prononça au nom de la commune, le discours suivant dont nous extrayons le passage suivant :

« Au nom du Conseil Municipal et de la commune entière, je viens apporter un suprême hommage au modeste fonctionnaire dont nous regrettons profondément la perte aujourd’hui. Luce Alphonse qui fut pendant 53 années consécutives un serviteur fidèle.

Les fonctions d’un garde-champêtre sont plus délicates qu’il ne parait à première vue.

Il lui faut user avec un tact extrême de son autorité.

Il n’est pas le gendarme qui a le droit et le devoir de verbaliser contre quiconque manque aux règlements ; c’est en quelque sorte un père de famille qui réprimande avant que de punir.

Ce rôle de paternelle autorité Luce Alphonse sut le remplir, et il était aimé de toute la population et savait s’inspirer une crainte faite de respect.

Toujours prêt au premier appel, il exécutait les ordres de son mieux.

Aussi l’administration communale perd en lui un bon et fidèle serviteur et lui adresse toute sa reconnaissance et ses derniers adieux. »

Puis M. Caqueret, secrétaire de la section des Anciens Combattants retraça, en ces termes, la vie du vétéran de 1870 :

« La section des Anciens Combattants de Guivry, a aujourd’hui le devoir de saluer et d’accompagner au champ du repos son vieux camarade !

Combattant de 1870, il faisait partie de cette magnifique armée du Maréchal Bazaine qui devait nous donner une victoire foudroyante, mais qui, de par la volonté de son chef fut, au contraire inactive et entraîna la défaite de presque toutes nos armées.

Comme tant d’autres soldats, Alphonse Luce, Caporal tambour au 84° de ligne, fut emmené en captivité. Il souffrit de longs mois dans l’Allemagne du nord, et à son retour, il eut encore la douleur de voir nos régions sous la botte du vainqueur.

Mais le vieux soldat espérait toujours ; il savait, avoir été trahi et non vaincu ! Aussi est-ce avec joie et fierté qu’il vit à nouveau la victoire s’inscrire dans les plis de nos drapeaux. Il avait raison d’être fier, car n’est-ce pas la surhumaine de 70-71 qui permit d’obtenir les victorieux résultats de 1918 ?

Dormez en paix notre vieux camarade ! Que tous ceux et celles qui vous pleurent, veuillent bien trouver une consolation dans notre présence à tous ici. Nous garderons à jamais dans nos cœurs le souvenir ému et affectueux que l’on doit à un aîné ! ». 


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