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lundi 14 février 2022

GUIVRY - EPHEMERIDE - 14 FEVRIER

Cela s'est passé à Guivry le 14 Février 1877

Journal Le Petit Caporal du 17 février 1877


« Les blagues Républicaines.

Il paraît que dans les départements les plus républicains, les mensonges des hommes du 4 septembre commencent à être appréciés à leur juste valeur. Témoin la lettre suivante, que nous recevons d’un ouvrier du département de l’Aisne :

Guivry (Aisne), 14 février 1877

Monsieur le Rédacteur en chef,

Vous avez un journal qui veut bien accueillir les plaintes du peuple. Seriez-vous plus avenant que les grands journaux qui ont repoussé les miennes ?

Comme j’étais à la tête de ceux qui ont aidé ces messieurs du provisoire à monter à l’Hôtel de Ville, je les vois encore se démener et s’abaisser à me serrer la main, en nous faisant les plus belles promesses. Le soir de ce grand jour, ils m’ont autorisé à faire des bons pour moi et mes amis : il fallait se nourrir ; mais j’étais d’abord étonné qu’on puisse boire et manger avec cette monnaie-là.

J’étais déjà de la révolution de 1848 ; mais il y avait alors de la gaieté et de la confiance. En septembre 1870, ce n’était plus ça. On se trompait les uns les autres, et l’on sentait venir la schlague des Allemands.

Enfin, voilà ce que je veux dire, monsieur, c’est que l’on s’est moqué de nous. Ils sont là trois ou quatre cents soi-disant républicains à la Chambre, deux cents sénateurs, comme avant, des ministres, des préfets et des journalistes, tous bien payés, tous bien nourris, bien habillés ; eh bien ! Qu’est-ce qu’il y a de changé dans la position de l’ouvrier ?

J’entends dire que les camarades de Paris se plaignent comme ceux de Lyon. Mon père m’avait dit que les révolutions ne profitaient qu’aux effrontés, aux voleurs et aux menteurs, jamais aux pauvres et honnêtes pères de famille ; mon père avait bien raison. On n’est cependant pas bête dans la classe ouvrière, mais on croit trop facilement les blagueurs. On ne se demande jamais pourquoi ni pour qui viennent ces messieurs qui nous entortillent ! Mais c’est pour eux-mêmes ; et quand ils sont ministres, sénateurs, députés, préfets, etc., ils ne s’inquiètent pas de la cherté du tabac, du pain et du vin ; leur paye les dispense de compter. Pour nous, les balles de chassepots dans le ventre ; pour eux les bals de l’Opéra, de la présidence, les bons dîners, les bonnes voitures et du beau linge.

Quant à vous, malheureux ouvriers, roulez-vous dans vos mauvaises couvertures, débarbouillez-vous sans savon, sans serviette, donnez à manger à votre femme, à vos enfants si vous pouvez. Voilà !

Nous avons insulté le bon Empereur, nous avons injurié sa courageuse femme qui a exposé sa vie dans les hospices à Paris et à Amiens pour soigner les cholériques.

Eh bien ! Est-ce que Simon le juste, Rochefort le saltimbanque, Picard le ventru, Crémieux le richard, le singe Glais-Bizoin qui a un parc, Jules Favre le pur et Gambetta le borgne ne sont pas là ? Est-ce qu’ils ne sont pas les maîtres ? Pourquoi ne font-ils rien pour nous ?

Ils disent aujourd’hui que ce sont les Bonapartistes qui sont cause que la république ne va pas.

N’ayez pas peur, ils trouveront toujours des raisons ; c’est leur état.

S’il y en a un seul d’entre eux qui ait pris en pension en enfant d’ouvrier, qu’on me le dise et je redeviendrai républicain, mais du diable ! Ils votent des secours avec l’argent du peuple, mais l’argent qu’ils touchent ils le gardent ou le mangent.

Agréez, etc.

C. dit P., ouvrier journalier à Guivry (Aisne) » 








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