FICHE MATRICULE LAON
Liénard Alfred Ernest matricule 1062 à Laon
Né le 18 octobre 1872 à Guivry
Fils de Désiré Alfred Ernest Liénard et de Marie Julienne
Adolphine Visbecq
Cheveux auburn
Sourcils blonds
Yeux gris
Nez long
1m66
Dispensé lors du conseil de révision. Art.21, ainé d’une
famille de 13 enfants vivants
Dirigé le 11 novembre 1890 sur le 29ème régiment
d’artillerie
Incorporé à compter du dit jour et immatriculé sous le N°
3355
Envoyé en disponibilité le 25 septembre 1894
Certificat de bonne conduite accordé
Passé dans la réserve de l’armée active le 01 novembre 1896
A accompli une 1ère période d’exercices dans le
29ème régiment d’artillerie du 27 octobre au 23 novembre 1899
A accompli une 2ème période d’exercices dans le
29ème régiment d’artillerie du 24 novembre au 21 décembre 1902
Passé dans l’armée territoriale le 01 octobre 1906
Rappelé à l’activité par décret de mobilisation générale du
01 août 1914
Arrivé au corps le 02 août 1914 au 15ème régiment
d’infanterie S.G.V.C. (service de garde des voies de communications)
Libéré provisoirement le 30 août 1914
Non rappelé, présumé resté en zone envahie.
Fait prisonnier civil
Décédé le 17 mars 1915 à Altengrabow (Allemagne) Avis du
ministère de la guerre, 2ème bureau recrutement en date du 08
janvier 1921
Alfred ayant été fait prisonnier civil par les allemands est envoyé au camp d'Altengrabow en Allemagne. Les archives de la Croix Rouge nous permettent d'en savoir un peu plus sur son internement.
Ci-dessus: ARCHIVES CROIX ROUGE PRISONNIERS
DE GUERRE CIVIL
Le prénom d’Alfred est
utilisé par les allemands.
Le 06 janvier 1915
- Ernest est prisonnier en même temps qu’Arsène Lemaire et Tobi Lemaire (de
Guivry) au camp d’Altengrabow – Prisonniers civils
Le 04 septembre 1915
– Ernest est déclaré décédé le 17 avril 1915 dans son baraquement.
Le 18 juillet 1917
– Ernest est déclaré décédé le 17 mars 1915 et enterré dans le cimetière du
camp, tombe 128.
Le 29 juin 1917 –
Ernest est déclaré être enterré tombe N°128.
Ci-dessous, des témoignages sur les conditions de vie au camp d'Altengrabow
D'autres documents peuvent nous éclairer sur la vie dans ce camp, tel ce rapport des délégués du gouvernement espagnol sur leurs visites dans les camps de prisonniers français en Allemagne de 1914 à 1917. Mème si... on leur donnait à voir ce qu'on voulait bien.
Voici un récit sur son séjour:
Alors
qu'il est en permission à Paris la mobilisation générale est décrétée
le 1er août 1914. Il rejoint son régiment qui quitte Melun en
train pour l'Est de la France quelques jours plus tard. Le 22 août, son
régiment est attaqué sur la place du village de Cutry, commune de Meurthe-et-Moselle. À couverts derrière un muret près de
l'église, lui et plusieurs soldats tentent de repousser les troupes ennemies.
L'ordre de se replier est donné. Alors qu'il s'apprête à fuir, il s'effondre,
blessé par un éclat d'obus au poumon droit. Il doit sa survie à son paquetage, qui lui sauve la
vie en amortissant l'impact. Il est pris en charge par deux infirmiers qui
l'emmènent au château du village voisin de Cons-la-Grandville, qui fait office de Croix-Rouge. À son réveil,
les troupes ennemies investissent les lieux. Lui et tous les autres blessés
alités sont faits prisonniers de guerre.
En
attendant la guérison des prisonniers, le château reste occupé par les
Allemands. Après quelques jours, les blessés convalescents sont rassemblés puis
conduits jusqu'à une gare. Des wagons à bestiaux les emmènent en captivité
en Allemagne. Après deux jours de trajet, les prisonniers
arrivent à Altangrabow, un des plus importants camps de
prisonniers allemands, près de Berlin.
Très
vite, les artistes prisonniers du camp improvisent une scène sur une petite
estrade. Joë Bridge, dessinateur de théâtre en lequel il
trouve un ami, est le principal auteur des revues montées au camp, au cours desquelles
il chante et danse. À Paris circulent des rumeurs sur son décès à Cutry, ce
qu'il dément en faisant parvenir des cartes postales à sa mère ainsi qu'à Mistinguett. Plusieurs docteurs français qui l'ont vu sur scène en France
décident de le former comme infirmier. Il devient ainsi pharmacien du camp, ce
qui lui octroie une petite pièce près des malades avec lit, draps, chauffage et
nourriture facile d'accès.
Ce
travail d'infirmier l'occupe toutes les matinées. Pour occuper ses après-midis,
il décide d'apprendre l'anglais auprès d'un sergent britannique, Ronald Kennedy. Sans la prétention
d'imaginer pouvoir se lancer dans une carrière internationale grâce à la
maîtrise de cette langue, il suit avant tout ces cours pour tromper l'ennui
inhérent au camp et pour, selon ses dires durant une interview à Radio-Nice
bien des années plus tard, « épater les copains du boulevard de
Strasbourg », bavarder avec les artistes anglais venant se produire à
Paris et « flirter avec les petites girls anglaises ».
Durant
l'été 1915, une
épidémie de fièvre typhoïde ébranle le camp et l'infirmerie est
débordée. Durant cette période, il accompagne beaucoup de malades lors de leurs
derniers instants :
« Mon
principal effort était de tout faire pour qu'ils ne se voient pas partir. Je
faisais un peu le confesseur. Je parlais avec eux, assis sur leur lit, de leur
mère, de leur femme ! "Ça ne va plus durer longtemps, tu sais maintenant.
Quand tu seras guéri, je pense que tu rentreras au pays. Elle va être heureuse
ta petite femme de te revoir, hein ? Et toi, crois-tu que tu ne la
serreras pas fort dans tes bras ? Et ta vieille ? Et ceci, et
cela…" […] J'en ai vu plusieurs, grâce à cette tromperie dramatique de
dernière heure, s'en aller en pleine vision d'espoir et ce sera le plus beau
rôle que j'aurai joué de ma carrière. »
Alfred qui est mort de la tuberculose (c’est ce que disent les allemands
à la Croix Rouge mort de « lungenschwindsucht »)
le 15 mai 1915 au camp d’Altengrabow l’a peut-être rencontré ?
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