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jeudi 23 avril 2009

GUIVRY - DES GADAS A L'ECOLE DE BEAUGIES-SOUS-BOIS EN 1958

Un petit tour par Beaugies-sous-Bois (Oise) en 1958, où quelques-uns de nos gadas sont allés à l'école.

Monsieur DIVOUX, instituteur
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Monique LEFEVRE
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Michel LEFEVRE
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Jean-Marc TROUILLET
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Marie-Thérèse TARDIEUX
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Joël PESTEL
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Marie-Paule DESGARDINS
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Bruno GRANZOTTO
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Alain PESTEL
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Michel TROUILLET
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Denis ABEELE
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Bernard TROUILLET
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Marie-Claude ABEELE
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Jean-Paul GRANZOTTO

vendredi 17 avril 2009

GUIVRY - INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS ET DE LA MAIRIE-ECOLE - 02 AOUT 1925

Le 09 février 1922, le conseil municipal est unanime à déclarer le nécessité d’un monument en souvenirs aux enfants de Guivry morts pour la France. Des membres du conseil passeront dans chaque maison afin de réunir la somme nécessaire à l’achat du monument. Des manifestations diverses sont organisées au profit de ce futur monument.
La société amicale de la jeunesse de Guivry qui organise déjà des spectacles, décide de donner une soirée au bénéfice du monument (document ci-dessus). Les Anciens Combattants de Guivry, ayant manifesté le désir de faire élever sur le territoire de la Commune, un monument aux enfants du pays morts pour la France pendant la grande guerre, ont décidé d’ouvrir une souscription, sous les auspices de la Municipalité. Le 30 octobre 1924, le Conseil fait le choix d’un emplacement pour le monument aux morts et choisit le terrain situé en face de l’église sur la place portant ce nom. Le 11 janvier 1925, le Conseil Municipal accepte à l’unanimité le plan du projet du monument aux morts. Le 22 février 1925, examen du devis estimatif et du plan du monument aux morts établis par M. Lisch Georges, architecte de la coopérative de Guivry. Ces plans et devis sont approuvés et acceptés. L’hommage aux morts de Guivry La résurrection de la commune 02 Août 1914 – 02 Août 1925 A onze ans de distance, jour pour jour, le village de Guivry s’est éveillé ce dimanche 02 Août 1925, fiévreusement et, sous la brume qui ouatait le vallon si gai si verdoyant par les beaux jours d’été. Hâtivement, les habitants achèvent les préparatifs de la fête, s’empressent à réparer les dommages de l’ondée sur les décors, guirlandes, allées sablées, etc.…. Le 02 Août 1914… c’était la mobilisation, le premier jour d’angoisses, le début de ce long martyre auquel la France et plus particulièrement ses provinces du nord allaient être vouées. Le 02 Août 1925… c’est l’allégresse, la résurrection du village, comme le dira fort bien un peu plus tard l’excellent maire M. Lequeux. C’est aussi l’hommage, l’honneur aux morts ; à ceux qui ont fait à la patrie le plus grand de tous les sacrifices. Sur les banderoles qui claquent au vent ; dans le travers de la rue principale, on lit, en lettres dorées des devises, et des souhaits de bienvenue ; on y lit tout particulièrement celles-ci : « Oublier, jamais ! » et « Souvenir – Amitié ». Cette dernière tout particulièrement nous a plu ; elle peut être donnée comme définitive à la commune de Guivry où l’on a à tous les degrés le culte de l’amitié et celui du souvenir. Les nombreux invités, dont M. le maire et la municipalité furent entourés dès dix heures du matin, en sont un témoignage de plus. Sans la pluie malencontreuse – venue sournoisement la nuit contrarier les efforts de plusieurs semaines – ces invités, ces amis, eussent été bien plus nombreux encore. La matinée A dix heures, sur la place de la nouvelle Mairie-Ecole, le cortège se forme pour se rendre à l’église. M. Achille Lequeux, maire est entouré de ses collègues du Conseil Municipal : MM. Martin Auguste, adjoint, Guillaume Louis, Pestel Fernand, Germain Charles, Guffroy Charles, Godin Théodule, Cardon Jean, Chevreux Théophile, Dassonville Emile ; puis les Anciens Combattants de Guivry et de Beaugies-sous-Bois, sous la conduite de leur président M. Paul Duval ; la compagnie d’Arc de Guivry avec drapeau et tambour, en tête viennent les enfants et les jeunes filles portant en écharpe les trois couleurs et Mme Latappy, directrice de l’école mixte. La messe a lieu dans la chapelle provisoire ; elle est célébrée par M. l’Abbé Créteur, curé de Béthancourt-en-Vaux, desservant de Guivry ; harmonium et chants s’ajoutent à la cérémonie au cours de laquelle l’officiant va exalter la mémoire des morts et tout particulièrement celle des enfants de Guivry dont le monument sera inauguré quelques heures plus tard. M. Pierre Legrand, de Villeselve, à la voix chaude et bien timbrée a voulu apporter sa contribution à la cérémonie. Les drapeaux, les Anciens Combattants, les Archers et le Conseil Municipal prennent place dans le chœur ; en quelques minutes la chapelle est remplie ; le sol détrempé malgré la couche de sable ne permet pas de se tenir dehors. Quel dommage de n’avoir pas pu célébrer cette messe en plein air, dans ce vallon où le soleil eût caressé tour à tour les frondaisons des coteaux et les moissons de la plaine dont les vergers, les prés et les céréales rivalisent de vigueur et d’abondance ! Au prône, M. l’Abbé Créteur rappela le nom des glorieux morts de Guivry et de Beaugies-sous-Bois et il sut, après avoir exalté la grandeur de leur sacrifice leur décerner, en termes élevés, l’hommage du prêtre et les honneurs de la religion, ajoutant les consolations de la Foi et de l’espérance que leur acte de charité mérite à ces héros et à ceux qui les pleurent.
L’office dominical terminé, le cortège se reforme et entoure l’emplacement du monument ; la bénédiction est donnée, après les chants liturgiques, par l’Abbé Créteur puis on gagne le cimetière où il reste encore quelques vénérables sapins échappés à la hache de l’envahisseur ; sous leur larges branches semblables à des allées tutélaires, les enfants de Guivry tombés pour la France dorment leur dernier sommeil auprès de leurs aïeux dont la plupart furent des vétérans de l’autre guerre… Au drapeau ! Un roulement de tambour : les drapeaux s’inclinent. Sur la tombe de deux soldats étrangers à la commune mais dont les corps n’ont pas été réclamés, l’officiant renouvelle les rythmes de l’absoute puis M. Paul Duval, président de la section des Anciens Combattants de Guivry adresse à ses camarades une allocution où il fait l’éloge des morts, en rappelant aux survivants qu’ils doivent rester unis et garder précieusement le souvenir des souffrances endurées en commun ; il salue ses anciens camarades des deux communes voisines, unies en ce jour par le même sentiment du plus pur patriotisme. Il est près de midi quand on quitte le cimetière. Regagnant la rue principale, la foule s’écoule lentement encore douloureusement émue, puis le cortège va vers la Mairie-Ecole où le vin d’honneur est servi ; le verre en main M. Lequeux souhaite la bienvenue à tous les invités, il a un mot aimable pour tous ceux qui, venus de près ou de loin dès la matinée ont tenu à donner à la commune de Guivry le précieux témoignage de leur amitié. Le banquet Pendant que dans la grande salle de son établissement M. Berton se multiplie avec les siens pour dresser les quatre-vingt couverts prévus, la Municipalité attend, au centre du village, l’arrivée de ses invités officiels. Depuis dix heures la pluie a cessé ; timidement, le soleil fait un sourire à la vallée d’or ; mais les lourdes nuées descendent encore au flanc des collines et semblent s’y reposer pour reprendre, un peu plus tard avec une nouvelle vigueur leur désastreux épanchement si préjudiciable à la culture et en particulier à cette fête dont Guivry espérait un plus réconfortant succès et ses organisateurs une légitime satisfaction ; ils l’ont quand même car chacun a tenu à rendre hommage à leurs efforts et à les plaindre de ce qu’un ciel inclément s’acharnait à contrarier un programme si heureusement élaboré . Il est presque midi et demi quand l’auto des « officiels » dévale la dernière côte et vient se ranger près de la place. M. l’Inspecteur primaire Riffault en descend accompagnant M. Damel, Président du Conseil de Préfecture, M. Accambray, député, conseiller général ; entre temps, M. Maubant, conseiller d’arrondissement est venu se joindre à la Municipalité de Guivry.
Avec aisance et cordialité le Maire de Guivry reçoit ses hôtes et les conduit à la salle du banquet décorée de guirlandes et attributs divers. M. Damel préside la table d’honneur ayant à sa droite MM. Achille Lequeux, Riffault, A. Maubant, P. Duval et à sa gauche MM. Accambray, Colleau, Desain maire de Beaugies-sous-Bois. Les trois autres tables sont occupées par des groupes amicalement réunis où voisinent les différents et nombreux convives : Mme Latappy, M. Juy, directeur de la coopérative de reconstruction, MM. Ledoux Paul, maire de Neuflieux, Pau, maire de la Neuville-en-Beine, Bonnard Emile, maire d’Ugny-le-Gay, Rouzé, maire de Villeselve, Bellanger et Hocry Octave, de Chauny, les représentants de la presse, etc. En dépit de la température fraîche et maussade, la chaleur communicative s’établit dès les premiers plats – et ils sont nombreux car M. Berton les a multipliés dans la composition de son menu, sans prétention mais très confortable – les vins remplacent le soleil absent et bientôt la plus franche cordialité rapproche indistinctement tous les convives. On fait honneur à l’excellente cuisine de Mme Berton et les accortes serveuses, ses parentes, n’ont pas de répit. A l’heure des toasts elles prendront un peu de repos car tour à tour : M. Lequeux, puis M. Damel et M. Accambray, échangeront remerciements, félicitations et encouragements. L’honorable maire de Guivry, dont l’émotion se devine porte le premier toast : Mesdames, Messieurs, J’ai l’agréable devoir de vous remercier bien cordialement, de l’honneur que vous avez fait à notre commune en acceptant de participer aux manifestations d’aujourd’hui ! Nous honorons nos morts ! Nous consacrons notre résurrection ! Pour ce double devoir, ma joie est grande de voir réunis autour de cette table, les représentants des pouvoirs publics, nos élus départementaux, cantonaux et communaux, mes collègues des communes voisines et amis qui trouvent ici un nouveau témoignage de nos épreuves, un nouvel exemple de nos efforts, et pour qui, je veux résumer en deux mots, le caractère de cette journée. Nous nous souvenons ! Nous travaillons ! Se souvenir, c’est s’inspirer de la grande leçon de nos héros, tombés dans l’accomplissement du devoir ! Travailler !, c’est accomplir le vœu de ceux qui se sont sacrifiés, pour que, sur notre sol, libéré de la souillure de l’envahisseur, nous retrouvions notre foyer, avec notre liberté… C’est ainsi qu’aux heures d’amertume et de découragement, il nous suffit d’évoquer les enfants de Guivry, dont nous glorifions aujourd’hui la mémoire, pour que la besogne qui nous incombe, nous paraisse moins lourde. Soyons confiants : ceux qui survivent à la grande épreuve ont le devoir de préparer un avenir digne de notre passé. Nous inaugurons aujourd’hui l’Ecole et le monument aux morts ; plaçons notre action entre ces deux symboles. C’est dans ces sentiments, Mesdames, Messieurs que je vous demande de lever vos verres à la France d’hier et de demain, à notre effort dans l’union pour que, par la République notre pays poursuive dans la paix sa mission et ses destinées. D’unanimes applaudissement éclatent et les convives témoignent à M. Lequeux leur vive satisfaction. M. Damel présente les excuses de M. Bègue retenu à Flavy-le-Martel ; quand à lui, il remercie la Municipalité de sa gracieuse invitation ; exprime au maire le plaisir que toute l’assemblée a éprouvé en l’entendant ; félicite tous ceux et celles qui ont répondu avec un louable empressement à l’appel de leur maire ; rend hommage au patriotisme des populations meurtries, patriotisme et dévouement inlassables que M. Lequeux vient de rappeler en un langage très précis et très heureux. Le représentant du préfet loue l’activité incontestable de tous les habitants, de leur Municipalité puis il les assure du dévouement de leur député et conseiller général, comme aussi de celui du conseiller d’arrondissement ; il ajoute que toute la sollicitude de M. l’inspecteur primaire est acquise à l’école de Guivry où l’on témoigne de tant d’efforts et de bonne volonté soutenue ; enfin il constate avec plaisir que la population laborieuse et paisible de cette riche campagne possède la notion exacte du civisme et du patriotisme. M. Damel lève sa coupe au président de la République, aux convives et aux amphitryons. Quand les applaudissements se sont calmés, M. Accambray dit quelques mots au nom des invités présents ; il ne fera pas de discours ; à son double titre de député et de conseiller général il se félicite de se trouver en aussi bonne compagnie ; il remercie la Municipalité de Guivry et lève sa coupe de Champagne à la commune de Guivry, au canton de Chauny, à la République. Un moment encore l’écho des applaudissements se répercute au dehors, mais ils y rencontrent ceux des tambours et clairons des sociétés invitées qui arrivent et ont hâte de prendre leur place dans le cortège pour les inaugurations. Le défilé En même temps que les sections d’Anciens Combattants, l’Harmonie Municipale de Chauny, conduite par son habile chef M. Ghislain, arrive sur la place. Les commissaires se hâtent de placer leur monde et à trois heures le cortège est ainsi composé : l’Harmonie Municipale de Chauny, M. Damel, M. Accambray, M. l’inspecteur primaire, M. Mauban, M. Colleau, M. Lequeux et tous ses collègues du Conseil Municipal, les maires des communes voisines déjà cités, auxquels se sont joints MM. Luc Lefèvre, maire de Chauny, Clément, maire de Béthancourt-en-Vaux, Margottet, maire de Caillouël ; puis les Anciens Combattants de Guivry-Beaugies, la Compagnie d’Arc de Guivry, les sections d’Anciens Combattants de Neuflieux, Béthancourt-en-Vaux, Guisacrd, Caumont, Commenchon, Ugny-le-Gay, La Neuville-en-Beine, Caillouël et différentes délégations. Le signal du départ est donné ; au son d’un joyeux pas redoublé le défilé commence à travers le village où de nombreux visiteurs sont venus en autos, en autocar ; les fillettes et les jeunes filles vendent des insignes, les recettes seront excellentes – jusqu’à la prochaine averse hélas ! A la Mairie-Ecole Sous la brise plus forte le feuillage des bouleaux plantés en bordure des trottoirs s’agite, on dirait une myriade de petites mains qui saluent au passage et le bruissement des arbustes se mêle aux notes qui s’égrènent sur la route où chaque pas nous rapproche de la mairie et de l’école reconstruites. Ces deux bâtiments n’en font qu’un ; il convient de louer l’initiative et le talent de l’architecte qui a su tirer le meilleur parti du terrain disponible : Au rez-de-chaussée : Une vaste salle de classes où l’on accède par un large perron ; de l’air et de la lumière à profusion ; au dessus : la salle de mairie proprement dite d’où la vue s’étend sur une grande partie du terroir et des bois communaux – quel autre endroit dira plus tard M. Damel, pouvait-on mieux choisir pour travailler ? – de là, le conseil en séance embrasse une partie de la commune et des biens dont il a assumé la défense. C’est exact ! L’aile droite est destinée au logement de Mme Latappy ; logement confortable où, la classe terminée, la maîtresse aura plaisir à se retrouver ; puis une cour spacieuse dans laquelle les petits prendront leurs ébats sans aucun danger, l’accès à la rue étant défendu par des grilles. L’Harmonie massée dans la cour et chacun ayant pris place pour bien voir et surtout bien entendre, M. Lequeux, décidément infatigable, reprend la parole : Mesdames, Messieurs, Au nom du Conseil Municipal de Guivry, auquel s’associe la population toute entière, je remercie M. Riffaulx inspecteur primaire, d’avoir bien voulu nous faire l’honneur d’accepter de présider à cette fête d’inauguration de la Mairie et de l’Ecole. J’adresse également mes remerciements à M. le préfet de l’Aisne alors que dans une lettre d’excuses, ne pouvant présider à nos inaugurations s’est fait représenter par son dévoué Vice-président du conseil de préfecture M. Damel, ainsi que M. Accambray, député et conseiller général qui, à mon invitation s’est empressé de me répondre qu’il se faisait non seulement un plaisir, mais un devoir de présider à nos fêtes d’inauguration. Mes remerciements s’adressent également à M. Maubant, conseiller d’arrondissement et à notre très dévoué M. Colleau secrétaire général du groupe des combattants de l’Aisne, qui a tout fait pour être des nôtres aujourd’hui. Je ne puis oublier MM. les maires du canton et des communes limitrophes, les jeunes filles de la commune et toutes les sociétés d’Anciens Combattants qui sont venus assister à nos inaugurations dans le but de rehausser l’éclat de notre cérémonie. Je croirais manquer à mon devoir si je ne me faisais pas l’interprète de toute la population en adressant mes félicitations à M. Férouelle adjoint au maire qui a accepté d’aussi bonne grâce de nous prêter son concours si précieux en mettant à notre disposition en sa qualité de Président, l’Harmonie municipale de Chauny. Nos remerciements s’adressent également au dévoué et distingué chef M. Ghislain et à tous les musiciens. Aussi les enfants encouragés par leur dévouée maîtresse et installés aussi confortablement, vont redoubler de zèle et auront à cœur de travailler consciencieusement pour devenir de bons citoyens éclairés et instruits, en un mot, de bons français dignes de notre patrie. Le Maire de Guivry, vigoureusement applaudi, cède la place à M. Riffaulx, inspecteur primaire. M. Riffaulx apprécie l’attention délicate de la Municipalité qui a réuni en ce même jour la fête du souvenir et celle de l’école.
Elèves de Guivry et Madame Latappy en 1925 devant l"école provisoire
Si nos morts furent vaillants, dit-il, c’est que l’école avait formé leur cœur comme leur cerveau ; leur sacrifice est d’un bel exemple pour les générations futures qui plus heureuses, il faut le souhaiter, ne connaîtront plus les terribles époques de l’invasion et de la destruction ; la commune de Guivry a envisagé sa reconstruction dès que les circonstances le lui ont permis, mais elle a considéré qu’il fallait d’abord penser à la maison d’école et l’inspecteur s’associe aux sentiments exprimés par M. Lequeux sous une forme aussi sensible. C’est aussitôt l’occasion pour M. Riffaulx de rappeler quelques souvenirs ; il a refait un long historique de l’école de Guivry pendant la guerre et notamment en 1917 où un instituteur soldat, groupant les enfants dans une ancienne salle de bal, put reprendre l’instruction et l’éducation fortement compromises par les circonstances de la première occupation. Puis on arrive au mois de mars 1918 ; le 24, c’est l’évacuation précipitée, la zone menacée vient d’être envahie à nouveau. Après l’armistice l’espérance renaît ; il reste un petit noyau d’habitants parmi lesquels le maire, qui s’empresse d’écrire à l’inspecteur pour lui demander l’envoi d’un instituteur à Guivry. C’est la réorganisation de la vie locale ; l’instruction va être donnée aux enfants qui en ont grand besoin ; voici l’école provisoire dont les baraques après maintes péripéties sont enfin habitables ; un peu partout des écoles marraines envoient des livres aux enfants ; Guivry semble avoir été oubliée, mais non ! l’Union des Femmes de France de Barcelone à qui l’inspecteur a signalé la commune, envoie un mobilier scolaire. Nous voici en 1923, le local provisoire n’est plus bon ; il faut se hâter de construire du définitif ; au mois de juin de la même année, le projet Lisch est étudié puis adopté et voici Guivry dotée d’une école qui a vraiment belle allure et dont la disposition intérieure est judicieuse ; un compliment en passant à l’architecte, à l’entrepreneur et aux ouvriers ; un compliment également à ceux qui ont voulu que la maison commune soit digne de la population éprouvée.
La nouvelle mairie-école
Madame LATAPPY, institutrice à Guivry en 1925
Dans cette école les enfants recevront l’instruction essentielle ; ils ont en Mme Latappy une excellente maîtresse qui a fait ses preuves et que M. Riffaulx qualifie de « femme très méritante » puis l’orateur conclut ; à cette belle construction il faut votre âme collective pour que dans la paix sociale se poursuive le développement de nos institutions démocratiques. Une charmante blondinette, Rolande Brunet, très crâne, gravit le perron et vient dire à M. Riffaulx un compliment au nom des écoliers de Guivry. Monsieur l’inspecteur, Au nom de mes camarades, je viens vous témoigner nos sentiments de vive gratitude et vous remercier d’avoir bien voulu nous faire l’honneur de présider à l’inauguration de notre école. A la place du modeste baraquement, conséquence de la barbarie allemande, nous sommes heureux et fiers de voir s’élever cette école, gaie, accueillante, faite pour la joie et la santé et où l’effort ne peut être que plus facile. C’est avec un sentiment de joie que nous en avons pris possession en nous promettant d’y travailler avec ardeur. Ce sont ces promesses faites seulement à nous-même, que nous tenons à renouveler en ce jour. Par notre travail, notre application, nous voulons continuer la tâche commencée par nos aînés et suivre ainsi la voie qu’ils nous ont si noblement et si généreusement tracée. Du fond du cœur nous vous saluons, Monsieur l’inspecteur ; nous saluons aussi les autorités qui nous ont fait l’honneur de vous accompagner et nous vous disons, ainsi qu’à ceux qui ont contribué à faire édifier notre école : merci ! L’inspecteur écoute, fort intéressé par les paroles et la bonne diction de la fillette qu’il embrasse. L’Harmonie Municipale de Chauny exécute alors la Marseillaise que toute l’assistance entend debout ; la Mairie-Ecole est officiellement inaugurée. Le Monument aux Morts
Une stèle pyramidale de granit blanc sur un socle sobrement agrémenté ; une croix de guerre, une palme, aux faces opposées ; puis sur les deux autres faces, les noms de ceux dont on glorifie la mémoire et dont on veut perpétuer le souvenir. Victimes militaires : Bonneterre Armel, Cardon Auguste, Carpentier Leon, Dantigny Maurice, Gentilini Etienne, Jadin Gabriel, Lalouette Paul, Lienard Jules, Lievrard Maurice, Mutel Albert, Poiret Fernand, Tardieux René, Target Georges. PLAQUE COMMEMORATIVEVictimes civiles : Carpentier Albin, Carpentier Lucien, Duval Cyrille, Josse Fernand, Lienard Ernest, Sagnier François
Telles sont les deux listes que nous pouvons noter, le voile tricolore qui cachait le monument étant tombé. Dès qu’apparaît « la pierre du souvenir » l’Harmonie joue la Marseillaise ; ensuite, la sonnerie « Aux Drapeaux » retentit et les étendards s’inclinent autour du monument saluant les noms des soldats et des civils également tombés pour la France ; l’instant est particulièrement impressionnant. M. Colleau, secrétaire général de la Fédération des Anciens Combattants de l’Aisne, monte à la tribune érigée face à la stèle puis il prononce une vigoureuse et patriotique allocution que nous regrettons de ne pas reproduire faute de place : l’analyser serait lui ôter le meilleur de ce qu’elle contient puisqu’elle a fait vibrer à l’unisson tous les cœurs des anciens soldats de la longue et terrible guerre, comme aussi elle a réveillé chez de nombreux vétérans le souvenir de « l’autre » dont on ne parlait plus parce que c’était la consigne de penser seulement aux deux provinces perdues…
La tribune officielle
M. Colleau retrace la grande épopée ; les offensives, les résistances, les défaites partielles, les espoirs puis l’armistice et le traité de Versailles qui nous fut imposé par les puissances occultes qui dirigent la France. Pour conclure, notre concitoyen pose la question à laquelle a fait récemment allusion la fédération interalliée des Anciens Combattants : « Est-ce la civilisation qui tuera la guerre ou bien la guerre qui tuera la civilisation ? » Ce discours terminé et chaleureusement applaudi, M. Colleau procède à la remise du drapeau à la section des Anciens Combattants de Guivry-Beaugies-sous-Bois ; M. Duval, président, le reçoit au nom de la section et le remet aux mains de M. Godard Désiré, mutilé de guerre, médaillé militaire et, à ce double titre, digne de porter l’emblème autour duquel les Anciens Combattants resteront désormais unis comme ils le furent pendant quatre ans face au danger.
Hélène LEQUEUX
Paul DUVAL, président de la section des Anciens Combattants de Guivry-Beaugies sous Bois
Nouvelle sonnerie « Aux Drapeaux » et voici Melle Hélène Lequeux qui vient au pied du monument, dire l’émouvant poème où chaque strophe est marquée d’une sonnerie de clairon : c’est le « réveil » pour qu’ils reviennent un instant parmi nous et voient que leur souvenir ne meurt pas en nous ; c’est le « garde à vous » les drapeaux sont là et derrière, les anciens tous groupés pour saluer ceux à qui la patrie a demandé le plus. Enfin, c’est « l’extinction des feux » ; reprenez votre sommeil : sur votre tombe que de pieuses mains fleurissent la foule vient et prie…reposez en paix vous à qui nous devons tant de reconnaissance ! On sent qu’un même mouvement pathétique se traduit parmi les assistants ; cet appel des morts par une jeune fille incarnant toute la joie de vivre, tout l’espoir du pays a quelque chose d’intraduisible en la circonstance… (Unissant dans la même pensée les victimes de la guerre et le fils de M. Lequeux, enlevé à l’âge de 16 ans à l’affection des siens, nous nous sommes inclinés devant l’énergie de cet homme, de ce père qui, après les heures douloureuses de la guerre et en plein effort de reconstruction de sa commune, a eu la profonde douleur de perdre l’enfant auquel il espérait confier plus tard, à l’heure du repos, son exploitation agricole.)
Achille LEQUEUX
Achille LEQUEUX pendant les discours (sur la gauche)
M. Lequeux, maire, le premier prend la parole. Une averse d’abord supportable avait contrarié l’inauguration de la mairie ; elle n’avait été que passagère ; mais bientôt un vent violent amena l’ondée serrée, torrentielle, puis la grêle. Ce fut un « sauve-qui-peut » général et la chapelle provisoire, toute proche, abrita une partie du public où M. Maubant puis M. Accambray purent discourir pendant l’orage. M. Damel clôtura la deuxième série de discours par un appel fort sensé à la paix, à l’union et à la concorde, s’en reposant à l’esprit de fraternité qui anima toujours les populations des campagnes et cette vieille race des travailleurs des champs dont la France a tant besoin.
M. Luc Lefevre, maire de Chauny avait orné la boutonnière de son veston d’un magnifique œillet rouge, l’œillet cher à Paul Déroulède, symbole à n’en pas douter des sentiments républicains et patriotiques de notre maire. A l’occasion de son discours, M. Maubant parla de Jean Jaurès, longuement et de la guerre qu’il faut éviter par tous les moyens – parfait ! mais sans froisser les sentiments patriotiques de ceux qui fiers de leur double titre de poilus héroïque ont bien le droit de se grouper autour du drapeau national

lundi 13 avril 2009

GUIVRY - PIERRE LOUIS DIDIER - UN GADA GUILLOTINE PENDANT LA REVOLUTION

Pierre Louis Didier est né en 1759 à Guivry, il est commis papetier en 1794. Pierre demeurait à Paris au N° 7 rue du cul-de-sac Dominique d’Enfer.
Après avoir été arrêté, convaincu d’avoir tenu des propos et fait des écrits « tendant à anéantir la liberté », il est jugé par le tribunal révolutionnaire de Paris. Pierre avait eu la malencontreuse idée d’écrire, et il avait dit quelque part que la Convention nous avait mis dans un précipice. Il niait cette parole, mais on lui représenta un de ses écrits d’où l’on pouvait induire à peu près la même chose. Le procès verbal de son exécution a été dressé par un certain Hervé et contresigné par le greffier en chef Lécrivain.

Entrée du tribunal Révolutionnaire
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Le tribunal révolutionnaire est une instance juridique exceptionnelle destinée à juger les « ennemis » de la Révolution française. Créé à Paris le 10 mars 1793, ce tribunal a été l’un des principaux instruments du régime de terreur mis en place par Robespierre.
L’accusateur public Fouquier-Tinville est la figure marquante de ce tribunal. A ses cotés, Herman et Dumas président le tribunal. Les jurés peu actifs sont présents uniquement pour livrer des têtes au bourreau.

Fouquier-Tinville
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Fouquier-Tinville
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Chatelet et Le Prieur, jurés au tribunal Révolutionnaire
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En 1793, les exécutions se sont multipliées, pendant la période appelée « La terreur légale ». La guillotine récemment inventée, première exécution en avril 1792, a favorisé le massacre. Le nombre des guillotinés à Paris diffère selon les sources et varie entre 2600 et 2800 personnes. En avril 1794, nous sommes dans la période appelée « La grande terreur ». Le rythme des exécutions s’accélère pour passer à une centaine d’exécutions par mois :

- Le 14 avril 1794, il y a 19 exécutions de « conspirateurs », dont le sans-culotte Chaumette, le général Dillon, l’épouse de Desmoulins et l’évêque défroqué Gobel.
- Le 18 avril 1794, 17 hommes et femmes accusés d’affamer le peuple sont exécutés.
- Le 20 avril 1794, 24 parlementaires sont guillotinés.
- Le 22 avril 1794, c’est au tour de Malesherbe, Le Chapelier et Thouret.
- Le 8 mai 1794, les 27 fermiers généraux dont Lavoisier sont exécutés.
- Le 10 mai 1794, Madame Elisabeth, sœur de Louis XVI est exécutée.
- Le 23 mai 1794, c’est au tour de notre Gada Pierre Louis Didier d’être exécuté avec d’autres compagnons d’infortune. Il est guillotiné sur la place de la révolution à Paris.

Exécution sur la place de la Révolution
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Pierre Louis Didier a été enterré au cimetière des Errancis à Paris. Il fait partie des 1119 personnes décapitées place de la Révolution entre mars et juillet 1794 et qui ont toutes été inhumées dans ce cimetière.

Emplacement du cimetière des Errancis en 1794
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Le cimetière des Errancis doit son nom à un lieu-dit qui signifiait les « estropiés ». Il était alors situé à la campagne sur un terrain qui longeait le mur des fermiers généraux, dans le périmètre qui s’étend de nos jours du carrefour des rues des Rochers et de Monceau à la station de métro de Villiers. C’était un des cimetières de la période révolutionnaire.

Emplacement actuel de l'ancien cimetière des Errancis
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Plaque rue Monceau
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Ce cimetière a entièrement disparu lors du percement du boulevard Malesherbes. Tous les ossements furent transportés pêle-mêle dans les catacombes de Paris où ils se trouvent sans doute encore. Il serait impossible actuellement de retrouver une des personnes inhumées dans le cimetière des Errancis.